Peut-on installer une centrale solaire en montagne ?
Malgré des conditions favorables à l’implantation de centrales solaires, les régions montagneuses n’en comptent pas un grand nombre. Leur enclavement, la volonté de sauvegarder l’environnement et le manque de données d’études en sont les principales causes. Elles ont toutefois connu un regain d’intérêt ces dernières années.
La loi Montagne et son acte II
La loi Montagne du 9 janvier 1985 visait à protéger le milieu montagnard, en conciliant attractivité et protection du territoire. Un acte II de ce texte a suivi 30 ans après. Il fait suite aux préoccupations liées au changement climatique et à son impact sur les régions montagneuses. Il vise à intégrer les montagnes dans la transition énergétique.
Si cette intégration aboutit, la part des ressources renouvelables dans la consommation énergétique passera de 23 à 32 % d’ici 2030.
Cet acte II perçoit les conditions particulières des régions montagneuses. Il reconnait également leur potentiel à accueillir des sites de production d’énergie renouvelable, notamment le photovoltaïque.
Le photovoltaïque en montagne
L’installation de centrales solaires en montagne présente de nombreux avantages. Elle permettrait d’abord de fournir de l’électricité aux zones enclavées ou reculées. L’altitude et surtout l’inclinaison naturelle en montagne rendent ce terrain plus profitable que les plaines. Une étude suisse démontre que le rayonnement solaire y est aussi plus important.
Toujours en comparaison aux plaines, les températures en montagne sont fraîches et la saison hivernale est plus longue. Cela agit directement sur la production d’énergie. En effet, une température supérieure à 25 °C tend à faire baisser le rendement des cellules photovoltaïques. Elles produisent donc plus et mieux en climat montagneux. Les montagnes enneigées présentent un intérêt particulier en raison du phénomène de réverbération de la lumière.
Les enjeux liés à l’installation du solaire en montagne
Le solaire en montagne en saison hivernale semble avantageux sous de nombreux aspects. Toutefois, la mise en place de ce type de projet fait face à plusieurs enjeux.
Si la production d’énergie s’effectue uniquement sur la base du solaire, elle se fait par intermittence. La demande en énergie est en effet plus forte pendant les périodes où l’insolation est la plus faible. Pour y remédier, il faudrait augmenter la taille des capteurs ou combiner l’utilisation de plusieurs ressources différentes.
Dans l’idéal, la production d’énergie renouvelable en montagne combinerait le solaire avec l’hydraulique ou l’éolienne. Le fait que la ressource ne peut être exportée et la problématique du stockage constituent d’autres enjeux.
L’avenir du solaire en montagne
La construction d’une centrale solaire photovoltaïque a commencé en 2020 dans les Alpes-Maritimes. Elle est installée dans la vallée de la Vésubie, à 1?600 mètres d’altitude. À ce jour, il s’agit de la plus haute installation de ce type en France.
Ce projet vise également à étudier la production d’énergie solaire en milieu alpin. Son implantation a demandé le déploiement de moyens importants. Le site n’étant accessible que par une voie de randonnée, les panneaux ont dû être livrés par les airs.
En Suisse, l’École polytechnique de Lausanne (EPL) a procédé à une installation d’essai sur le Totalp à Davos. Cette installation fait suite à une étude, publiée en 2019, que l’EPL a menée conjointement avec l’Institut WSL. En hiver, quand le plateau est pris dans le brouillard, les sommets enneigés affichent un rayonnement solaire plus intense.